A la jeune tourterelle

L'Amour et ses Images

Jeune tourterelle

Ne sois pas effrayée par mon pas disgracieux, malhabile, imprécis

Avec mes gros sabots, je fait fuir les affreux

Avec ma hanche cassée, je ne sais que ramper, je tremble souvent aussi

Je traîne mes échassiers sans me coordonner

Vois comme je suis abrupte, moi le très bas, qui n’ai pas su passer près de toi sans tout désenchanter de l’ordre de ta beauté

Je recule devant toi maintenant tout doucement et ton œil intrigué semble ne pas me quitter

J’ai déjà disparu que tu m’as oublié, tu bois dans quelque creux d’une terre desséchée, je ne vois que tes plumes bleuir dans la lumière

Peut être bien aussi que tu ne m’as point vu, que j’ai tout inventé car tu es la grâce et son secret

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T’attendre

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Qu’il est bon de t’attendre car tu viendras

Quoi qu’il arrive, je te sais là

Siégeant dans l’épaisse éternité des rêves

A demi nu parmi le jardin d’Eve

Pur des seins des maternelles

Moi venant par devant toi illuminer ton vers

Toi tout contre moi allant t’inscrire dans mes bras

Chacun son fil d’or noué au creux des lois

Ma chair qui devine tes pas rafraîchit mes artères

Qu’il est bon de t’attendre car tu viendras

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A celui qui s’en va

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J’ai des choses à Te dire.

Peut-être que cela aurait pu être tu.

Toi qui m’abrites sous ton visage, à la lumière duquel je tombe en amour, à la faveur duquel mon coeur devient soleil car mes pieds ont retrouvé l’ardeur à-musée de la danse.

C’est écrit. Là. Déjà. Dessiné sous le pli.

Il vint sans crier gare et je me suis tue pour ne pas l’apeurer.

C’était donc cela.

Toi. 

Tais-moi et marche

Va t’en.

Va tant que tu veux.

Je me vois dans l’aveugle de ton regard. C’est moi.

Envisagée ma bouche entrevue, juste ouverte pour caresser le souffle.

L’accueillir dans mon regard pour toi

Celui que je veux pour toi caressant.

J’écris.

Nous nous apparaissons à nous-mêmes dans cette lumière. 

A peine.

Qui suis-je?

Tu me l’as dit dans ce silence que tu caches sous ta barbe.

Délivre Toi du mal.

M’or, je suis déchue dans tes rivages.

Tu m’apparais si profond que je ne peux plus tomber. 

Il n’est plus question, de grâce peut-être.

Résider sur la terre ne m’est pas suffisant. 

Je vole dans le vent comme une feuille qui t’attend qui tombe

A t’écrire en transparence.

En vol. J’ai retrouvé la trace. Je l’ai suivie du doigt, j’ai respiré son âge. Amusée de ce jeu avec Toi, l’être s’est avancé au devant de moi comme un nuage. De formes opalines, de flanelles engelées dans la surdité de mon regard. 

Je suis passée à côté de toi sans me reconnaître. 

Sang blanc oui mais la peur. 

La terreur d’être trouvée, d’être punie pour mon offense. De cet amour si lourd qu’il n’est plus suffisant.

Nous nous sommes épargnés cela. Mis de côté. Très cher alors, dès lors je me retire de mon huis-clos. Seule à tes pieds, j’en tends ta main qui me regarde.

Lève-moi. Élève mon âme au dessus du sol. Là. Déterre le mort. Incarne-moi. 

Je t’ouïs mieux à présent.

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L’amant

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Car.

Un jour j’ai décidé de ne plus jamais laisser s’échapper un mot, un dire.

D’appuyer ma présence sur ce bout de terre, agrippée des orteils pour équilibrer la tension de ma croupe en partance. Pour. Partir plus vite parce que je suis déjà revenue. Morte peut-être, je ne sais plus.

Et c’est ici que le rêve commence, l’œil pourtant demi-clos, ne sachant, ne voulant que cette lumière le dise. La nuit nous ensemence.

Je le regarde encore à côté. Je me souviens et j’aime me taire.

Que.

Parfois, il déposait son corps dans d’autres draps, ailleurs, sans jamais rester là, comme une plume sur l’épaisseur d’un ciment rouge de soleil et de temps.

Déposé en lui, tout entier recourbé sur son être, le corps comme armure, qui défie l’insolence du réel. Le poids est si léger que je peux l’écouter de ma chair. 

Il y a urgence à dire. Que le serrer contre moi m’arrache à la nuit, me dépossède de toutes mes certitudes et accomplit dans mon âme une équation compacte. 

L’instant précis devient quand il se brise, je suis de mon museau sa trace, je regarde l’horloge et je m’écrie au ciel qu’il cesse de tourmenter nos larmes.

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Le festin

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Tu tr’encontres?

Des couleurs, des images, des phonèmes, des floraisons d’aurore, des flanelles de sève bleue, des thermes déchiffrées, d’encore Romains sous les strates, de paisibles demeures où nul n’a plus été, découvertes alanguies à l’ombre de nos pas. 

Et des rires d’enfants pour amuser l’espace, entreprendre l’élan, décloisonner les temps, 

Conjuguer nos mutuelles syntaxes, archétypes de nos traces 

Absentisés d’angoisses, mots devenus inconnus des lexiques de nos langues pareils à des miroirs, rafraichis d’un cœur pur.

T’attendre.

T’attendre m’a ravie à l’immensité rêvée.

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