Te voir soudain et puis te regarder, briser l’indifférence des images, ne pas pouvoir détourner mon regard de ta figure, de ton œil étincelle, de ta bouche ondoyante, encore un peu humide de la brève gorgée d’un verre de vin blanc piqué d’or.
Etre là devant toi enfin et faire semblant de ne plus te voir parce-qu’on-ne-voit-que-toi.
Etre là, l’air de rien, m’offrir comme ta vision, sauter derrière ton fard, te contempler de derrière ton visage, me loger à ta place un instant, peut-être même, me regarder en face.
Si je me dérobe, c’est que je veux garder ton clair, ton vrai, la sève de ta présence.
Ta lumière délicate éblouit, toi qui ne veut décidément pas me voir, qui me vise et m’évite à la fois, comme on cherche la vérité.
Alors, je ferme les yeux pour que tu disparaisses.
Des fils d’or se tressent dans l’ombre des désirs et flamboient au-dessus de nos têtes, dans ce bistrot bondé jaune et sombre, ils découpent des espaces seulement pour nos reflets et déposent lentement à tes mains des mots comme des baisers sur la peau de la vie.