Dernière orange
Très chère
Je vous veux goulûment
Dans mes mains votre peau déjà un peu flétrie me résiste
Sèche, elle se casse pourtant assoiffée de ce déshabillage
Ah comme je m’y prends mal !
Je vous mets en morceaux quand ce qui m’a séduit quelques minutes avant fut votre unicité
Je coupe trop fort la chair, impatient que s’abouche à mes lèvres votre ronde acidité
Je m’en mets plein les mains, cela me blesse aux doigts, gercés du long hiver
Un instant je m’arrête devant votre beauté, enchantée qu’elle finisse à ce fruit, à cette fleur secrète d’où vous apparaissez, transfigurée.
Je sais qu’il me faudra attendre des lunes pour vous reprendre un jour
A l’arbre qui languit.