Dernière orange

Poèmes qui tombent du jour

Dernière orange

Très chère

Je vous veux goulûment

Dans mes mains votre peau déjà un peu flétrie me résiste

Sèche, elle se casse pourtant assoiffée de ce déshabillage

Ah comme je m’y prends mal !

Je vous mets en morceaux quand ce qui m’a séduit quelques minutes avant fut votre unicité

Je coupe trop fort la chair, impatient que s’abouche à mes lèvres votre ronde acidité

Je m’en mets plein les mains, cela me blesse aux doigts, gercés du long hiver

Un instant je m’arrête devant votre beauté, enchantée qu’elle finisse à ce fruit, à cette fleur secrète d’où vous apparaissez, transfigurée.

Je sais qu’il me faudra attendre des lunes pour vous reprendre un jour

A l’arbre qui languit.

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